Les États-Unis, pays le plus affecté par la Pandémie : éléments d’explications
The United States, hardest-hit country by the Pandemic: explanatory elements
Résumé
Le travail de pédagogie entrepris par le CDC en faveur des consignes sanitaires a connu beaucoup de barrières. En dépit de son implication, la réponse globale du pays reste marquée par une opposition forte et ouverte entre les différents acteurs. Les États-Unis sont un des seuls pays où une faible réponse sanitaire est devenu un projet politique en soi. Faire respecter les normes s’est alors rapidement montré ardu. Le résultat est une grande variété dans les mesures adoptées et dans leurs réceptions. États démocrates accusés par le président d’être plus touchés faute de bonne gestion, multiplication d’initiatives locales et Étatiques, mouvements armés de protestations et mise en doute des chiffres et interprétations des faits scientifiques avancés… Ces faits illustrent des conflits encore en cours pour certains.
Cette article passe en revue les principaux arguments pour et contre les masques et trace une chronologie des politiques publiques anti-Covid-19, liées au développement de réactions anti-masques. Plutôt que de parler de règles sanitaires, il conviendra donc de souligner l’évolution et les contradictions des règles qui se sont multipliées au fil des semaines et des mois.
Mots-clés : présidence, mythe des 100 jours, enquête par entretiens, recherche comparative, Covid-19, États-Unis, Coronavirus
Abstract
The educational work undertaken by the CDC in favor of public health measures has faced many hurdles. Despite its involvement, the country’s overall response remains marked by strong and open opposition between various actors. The US is one of the only countries wherein a weak response was a political project in itself.
Enforcing measures quickly proved difficult. The result is a wide variety of measures and reactions to these measures. Democratic States accused by the president of being more affected due to poor management, multiplication of local and States’ initiatives, armed protests and questioning the figures and interpretations of the scientific facts put forward… These facts illustrate conflicts, some of which are still ongoing. This article reviews the main arguments promoting or opposing masks and traces a chronology of anti-Covid-19 public policies, as well as their links to the development of anti-masking reactions. Rather than talking about health rules, it will therefore be necessary to highlight the evolution and contradictions of the rules that have multiplied over the weeks and months.
Keywords: Presidency, 100-days myth, interview research, comparative research, Covid-19, United-States, Coronavirus
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Les photos qui suivent ont été prises dans le cadre de la recherche menée par Nicolas Audignon sur les transitions présidentielles en France et aux États-Unis. Ce déplacement aux États-Unis, qui s’est déroulé durant l’année universitaire 2019-2020 a permis un œil particulier sur la manière dont ce pays gérait la crise sanitaire. À cela s’est ajouté le regard du politiste, permettant rapidement d’anticiper les enjeux de la Pandémie et de collecter certaines données d’intérêt.
De Janvier 2020 à début Juillet 2020, plusieurs lieux ont été visités, permettant d’apprécier la situation de manière plus large. Charlottesville en Virginie, Atlanta en Georgie, Washington D.C, Philadelphie en Pennsylvanie ainsi que New York City.
Les photos prises et les images sélectionnées montrent une situation similaire. Des lieux désertés. Des symboles mis en avant pour supporter la longueur de la crise et remercier les soignants. Au fond, ces instants sont devenus classiques. Ils montrent des moments connus à travers le monde, vécu dans ces endroits en particulier.

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Le campus de Penn University, à Philadelphie, déserté par ses étudiants. Dès mars 2020, une majeure partie des campus américains se sont retrouvés dans une situation similaire.
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Independence Hall, lieu de signature de la déclaration d’indépendance à Philadelphie. Comme tous les lieux culturels en juin 2020, ce lieu était exceptionnellement fermé au public.
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La Statue Atlas, à New-York, dans la cour du Rockefeller Center. Une manière de montrer son soutien aux personnels soignants était de masquer les statues de cette ville, la plus touchée des États-Unis.
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La Statue “Youth”, à New-York, devant la fontaine du Rockefeller Center. Une manière de montrer son soutien aux personnels soignants était de masquer les statues de cette ville, la plus touchée des États-Unis.
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La Statue “Prométhée Doré”, à New-York, dans la fontaine du Rockefeller Center. Une manière de montrer son soutien aux personnels soignants était de masquer les statues de cette ville, la plus touchée des États-Unis.
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Un moyen de montrer une solidarité dans la ville de New-York : les messages lumineux. Ici, un cœur sur un building faisant face à Central Park.
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Nicolas Audignon
Université Panthéon-Assas Paris 2
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Introduction
Comme dans l’essentiel des pays, les États-Unis ont vu se développer une pandémie d’une gravité exceptionnelle mettant en difficulté les instruments habituels des pouvoirs publics pour y faire face. Si l’on considère la première moitié de l’année 2020, ce pays semble être dans une situation similaire à l’essentiel des pays riches ayant été impacté par le Covid-19. Des réactions positives et négatives ont eu lieu. Une solidarité s’est organisée, relayée dans les médias. Les « héros du quotidien » ont été applaudis. Toutefois, de l’autre côté du spectre, des oppositions particulièrement vives se sont développées.
Après bientôt près de deux années dans la pandémie, le constat est contrasté. Les États-Unis sont vite devenus et restés le pays le plus impacté en chiffres absolus. Ils sont parmi les premiers touchés, y compris en proportion de leur population. Il serait audacieux de vouloir aussi tôt proposer une explication détaillée des raisons qui ont conduit à cette situation. Le processus à étudier est encore en cours. De nouveaux variants peuvent potentiellement survenir et au moment de la première rédaction de cet article, le variant Delta avait été découvert récemment. Le nouveau leadership sous les traits de Joe Biden n’a même pas encore terminé sa première année de présidence, ce qui là encore maintient certaines inconnues dans l’équation. Après une campagne de vaccination particulièrement efficace dans les 100 jours de sa présidence, les décès liés au virus restent exceptionnellement élevés. Cet article a donc pour premier objectif, à défaut de pouvoir expliquer les tenants et aboutissants de cet état de fait, de tenter de fournir des premiers éléments d’explication et d’éclaircissement.
Méthodologie
L’étude est construite sur la base d’une période s’étalant de décembre 2019 à l’été 2020. Cette période est intéressante car ses caractéristiques sont utiles pour une première qualification de la réponse étasunienne à la crise. Malgré l’arbitraire relatif d’une coupure de l’analyse au moment de l’été 2020, cette première période comprend des éléments décisifs de la trajectoire entreprise par les mesures sanitaires aux États-Unis.
Plusieurs méthodes seront mobilisées pour tenter d’en saisir les contours. Tout d’abord, la réponse apportée à la pandémie sera considérée comme une politique publique classique, analysable à l’aide de la grille séquentielle de Jones d’analyse des politiques publiques (Jones, 1984). Ses cinq phases, de l’identification du problème à la terminaison de la politique publique, apporteront un éclairage utile. Politique publique donc, ce moment est aussi un processus. Comme il est d’usage dans les travaux d’analyse de processus, ou « process-tracing » (Mahoney, 2012), il sera intéressant de mettre ici en débat plusieurs phases et mécanismes causaux dont on fera l’hypothèse qu’ils expliquent pour partie et de manière cohérente le déroulement de la première moitié de l’année 2020.
L’identification du problème a eu lieu durant les premiers mois de cette période, jusqu’en mars. C’est le point de vue qui sera défendu ici. C’est ensuite à partir de mars et jusque mai 2020 que le cœur des activités liées aux politiques publiques anti-Covid ont eu lieu. Le développement d’un programme de politiques publiques, puis la mise en œuvre de ce dernier déclenchèrent les premiers mouvements anti-masques.
L’évaluation régulière de cette politique publique a engendré des correctifs réguliers apportés au programme. Ces modifications se sont faites sur la base de son efficacité, mais aussi des difficultés de mise en œuvre liées notamment à la cristallisation des tensions liée à la dureté ou la controverse autour des mesures. Trois catégories d’opposition peuvent être relevées: le parti républicain et en particulier le président Donald Trump; des citoyens plus ou moins politisés; un nombre substantiel de commerçants. Cette structure de conflit a entraîné un débat entre deux positions : un masque comme mesure « non politique mais sanitaire » pour la majeure partie des démocrates et une partie significative des citoyens; et un masque « non nécessaire et qui doit être laissé au libre choix de chacun » du côté des trois catégories pré-mentionnées. S’il serait possible de prolonger le propos en nuances, en subtilités et exceptions, nous essaierons ici de rester dans une vision d’ensemble du conflit.
Cette approche permettra de comprendre dans les grandes lignes comment, lors du développement des mesures sanitaires, un diagnostic du problème a été formulé avant de voir des problèmes se cristalliser lors de la mise en œuvre. Nous verrons également que l’évaluation de la politique publique, bien que très polémique, n’a pas entraîné de nette redéfinition du programme au-delà de mai, mois durant lequel la situation s’est cristallisée.
Les données sur lesquelles s’appuie cette analyse sont diverses. Dans un premier temps, une partie des données a été collectée aux États-Unis lors d’un déplacement de plusieurs mois pour une étude en cours sur les transitions présidentielles. L’expérience informelle de terrain a été complétée par la prise en compte attentive et consignation régulière et écrite des évènements forts de l’actualité: mesures mises en avant, points chauds de telle ou telle controverse, faits marquants mis en avant dans les médias, etc. La deuxième source de données vient des médias eux-mêmes : journaux, articles et chaînes d’information. Puisque la focale est placée depuis plus d’un an en grande partie sur la pandémie, le travail de collecte opéré par les médias est conséquent. Ces données viennent de sources très différentes, largement mises en avant. Parmi ces sources, Business Insider[1], ABC News[2], NBC News[3], VeryWell[4], USA Today[5], The American Journal of Managed Care[6] et le New York Times[7] ont tous fourni des informations précieuses. La troisième et dernière source réside dans la littérature grise. Les sites institutionnels mettant en avant les mesures de lutte contre le Coronavirus, ces sites sont une aide précieuse pour analyser les différentes séquences de politiques publiques mises en œuvre.
En supplément de l’utilisation de la grille de Jones et d’un process-tracing et sur la base des données susmentionnées, il nous semble nécessaire de préciser que se focaliser sur une période assez courte permet de catégoriser plus finement les différentes séquences de développement des politiques publiques anti-Covid, ainsi que les réactions qui se sont développées contre les masques. En effet, plutôt qu’une transition directe allant de la prise de conscience du problème à la cristallisation d’un débat, le masque comme élément de controverse sociale s’est construit dans le temps à travers plusieurs étapes identifiables. En présentant ces phases successives, nous espérons pouvoir clarifier à la fois les efforts entrepris par les autorités pour traiter la pandémie, ainsi que les controverses qui ont suivies, en précisant leur nature et les arguments constitutifs de ces controverses.
Résultats
Deux résultats principaux semblent pouvoir dès maintenant être mis en avant. Les réactions face aux mesures adoptées en matière de masques se font le long de lignes politiques, mais avec une pluralité d’arguments, embrassant des profils qui dépassent le seul critère politique. Par conséquent, la pédagogie autour des décisions prises s’est pour une bonne part déportée vers les mesures autre que le masque, suite à la politisation de l’objet « masque » et des tensions créées à ce propos.
Trois temps rythmeront le propos. Tout d’abord, une phase d’identification du problème des débuts de la crise jusqu’à mars souligne la lenteur du processus de constitution du diagnostic (I). Une fois le problème mis en évidence, une phase intense de développement et mise en œuvre de politiques publiques se met en place, jusqu’à la mi-mai (II). Par la suite, le débat se cristallise avec des mesures moins nombreuses et des tensions plus exacerbées (III).
I – L’identification du problème
De décembre 2019 jusqu’au 11 mars, l’identification progressive du problème va fournir le cadre cognitif sur la base duquel les politiques publiques vont s’établir.
Cette première phase va voir le diagnostic évoluer nettement entre la situation initiale de décembre et la situation de mars. Jusque mi-Janvier, comme anticipé par la littérature néo-institutionnelle, les institutions ont réagi sur la base de leurs outils et instruments habituels, conduisant à un diagnostic initial prudent sur l’ampleur de cette crise et les mesures à apporter. Deux évènements tenaient lieu de points de référence pour l’analyse : la pandémie de « Swine Flu » sous Obama; et l’épidémie d’Ebola. En supplément, deux critères étaient utilisés à des fins d’évaluation de la menace:
– La contamination est-elle le fait de personnes revenant de Chine, ou le virus se propage t-il sur le sol étasunien ? La contamination sur le territoire, appelée « community spread » était considérée particulièrement problématique pour une raison simple : il s’agit notamment d’une propagation du virus sans déplacement dans le pays d’origine de la personne infectée ou contact connu avec une personne infectée. C’est lorsque ce cas là s’est produit que la propagation du virus commençait à être perçue comme hors de contrôle.
– Le taux de mortalité est-il jugé sévère, ou est-ce une maladie ordinaire ? Là encore c’est important car de ce critère dépendait la justifiabilité et la légitimité de mesures plus ou moins fortes. Différentes épidémies ont différentes conséquences et les modèles épidémiologiques ont besoin de cette information cruciale pour tester différentes hypothèses.
À partir notamment du 17 janvier, des premières mesures sont prises avec le CDC (Centers for Disease Control and Prevention) opérant des contrôles d’arrivée aux aéroports de New York, San Francisco et Los Angeles, puis Chicago et Atlanta. Le 21 Janvier, le premier cas de Coronavirus est déclaré aux États-Unis dans l’État de Washington, un homme de 30 ans revenant de Wuhan la semaine passée. Le fait que le virus n’ait coûté la vie qu’à six personnes conduit la directrice du « National Center for Immunization and Respiratory Diseases » ce même jour, puis le 24 janvier, Anthony Fauci, directeur du « National Institute of Allergy and Infectious Diseases » à qualifier la nouvelle de préoccupante, avec un risque restant néanmoins faible.
Fin janvier, les 30 et 31, deux évènements vont progressivement participer à une première redéfinition du diagnostic, autour de la contagiosité du virus et de sa mortalité. Le 30 janvier, l’OMS déclare une crise sanitaire d’ampleur mondiale suite à l’apparition de milliers de cas en Chine. La transmission aux États-Unis, initialement analysée comme provenant des voyageurs en provenance de Chine, se fait désormais de personne à personne sur le territoire étasunien. Le mari d’une habitante de Chicago revenant de Wuhan a lui-même développé des symptômes, ce que le directeur du CDC, Robert Redfield qualifiera d’inquiétant, avec un risque toujours qualifié de faible pour le reste du pays. Les États-Unis conseilleront à leurs ressortissants d’éviter la Chine. Puis, le 31 janvier, l’administration Trump déclare l’état de crise sanitaire au sujet de la propagation du Coronavirus, conduisant à la mise en quarantaine d’étasuniens ayant visité certaines parties de la Chine. C’est une première pour le gouvernement fédéral en plus de cinquante ans comme le fera remarquer le CDC. Les vols en provenance de Chine seront acheminés vers un des sept aéroports en mesure de contrôler les entrées : Seattle, Honolulu, New York, Atlanta, San Francisco, Los Angeles et Chicago.
Ces mesures, pour l’essentiel des réactions à l’urgence, à un « focusing event » (Birkland, 1998), mises sur l’agenda par la gravité subite de la crise à laquelle elles font face, seront complétées le 13 janvier par une restriction des vols en provenance de Chine par l’administration Trump. À l’exception des ressortissants étasuniens et de leur famille, ceux qui ont voyagé en Chine dans les quatorze jours précédant la décision ne seront pas autorités à rentrer aux États-Unis. À ce stade, c’est approximativement 213 personnes dans le monde qui sont décédées des suites du Covid-19.
Par la suite, le mois de février sera largement l’objet de polémiques concernant l’action publique, analysé comme un moment clé pour agir. Très peu d’actions sont effectivement entreprises à ce moment, jugé décisif a posteriori, avec plusieurs raisons suspectées. Les premières réactions au développement de la pandémie sont contrastées. Sur la base des déclarations des experts, le risque de contamination importante aux États-Unis est bas. Sur ce diagnostic, des mesures plus importantes seraient donc jugées extrêmes. Dans le même temps, un risque est clairement identifié dans le débat public : celui de la mise à l’écart de citoyens et étrangers perçus comme asiatiques, à tort ou à raison, mise à l’écart qui entraînera nombre de polémiques. Cela conduit à la fois à un besoin d’apprendre davantage sur la gravité de la menace, tout en ne créant pas de comportements pouvant troubler l’ordre public.
Le 11 février, le CDC confirme un treizième cas de Coronavirus aux États-Unis, et 800 étasuniens évacués de Wuhan sont en quarantaine. Donald Trump lors d’un meeting dans le New Hampshire dira qu’en théorie, les températures plus chaudes règleront le problème de lui-même. Toutefois, comme il sera révélé plus tard lors d’enregistrements faits par Bob Woodward le sept février pour un ouvrage[8], Trump prend à partir de ces premiers temps deux postures différentes qui se stabiliseront tout au long de la crise. En privé, il dresse le constat d’un problème plus grave que la grippe, avec une contagiosité importante et un risque majeur pour les États-Unis. Par ailleurs, ultérieurement, il sera dit que le 28 janvier, un conseiller à la sécurité nationale, Robert O’Brien, aurait dit à Trump qu’il s’agirait de la plus grande menace à la sécurité nationale de sa présidence. En public, il dira avoir une volonté de minimiser les risques, percevant sa position comme « cheerleader » du pays, devant garder le moral de ses concitoyens.
Le 26 février, le diagnostic de la situation franchira un palier important quant à la redéfinition de la situation, avec le premier cas de « community spread », transmission entre étasuniens sur le territoire, sans même avoir visité un pays étranger ou être entré en contact avec une personne dans ce cas. Ce premier cas est découvert en Californie. Le nombre de cas passe à quinze personnes. Une « Task-force » voit le jour, dirigée par Mike Pence, le vice-président. Le risque continue d’être qualifié de faible. Suivant cela, le 29 février, le premier décès aux États-Unis est annoncé, un patient près de Seattle en étant la victime. Il sera reporté ultérieurement, le 21 avril, après plus d’investigations, qu’il y avait eu au moins deux décès auparavant, les 6 et 17 février. Pour accélérer les tests, la « Food and Drug Administration » déclare ouvrir sa procédure d’autorisation d’urgence permettant d’autoriser le test de technologies novatrices dans les structures de santé.
Enfin, c’est durant cette période qu’apparaît plus vivement la question des masques. Le CDC et le « U.S. Surgeon General », Jerome Adams, incitent les étasuniens à ne pas se fournir en masques. Deux arguments seront mis en avant qui seront largement relayés lorsque des controverses plus tendues apparaîtront :
–Les masques sont nécessaires pour les professionnels médicaux et il ne doit pas y avoir de pénurie pour les approvisionner.
–Les masques ne permettront pas de ralentir la propagation du virus. Les raisons principales évoquées sont que beaucoup de porteurs ne sauront pas mettre le masque, se toucheront le visage, etc.
Cette première phase peut être qualifiée par deux mécanismes causaux. Le premier est ce qu’on appelle la « formation de croyances » basée pour partie sur des attentes adaptatives, dépendant de l’évolution de la pandémie (Hedstrôm et Swedberg, 1998). Le deuxième est l’apprentissage: apprentissage social, politique et scientifique (Heclo, 1974). Comme cela a été mentionné, les types d’informations essentielles ici étaient notamment la mortalité du virus et la capacité apparente à le garder ou non sous contrôle. Nous pourrions rajouter le fait que dans une certaine mesure, les pays pratiquaient une forme de « benchmarking » en observant les pratiques mises en place dans d’autres pays avant de les mettre eux-mêmes en œuvre.
II – La construction du masque comme élément de controverse sociale, politique et juridique
Du 11 Mars au 19 mai, la stratégie de lutte contre le Covid-19 se met en route. Des politiques publiques se mettent successivement en place, avec une mise en œuvre qui déclenchera les premières réactions et polarisera la situation.
Les deux mécanismes causaux présents dans la première phase conduiront à une pression plus forte pour la mise en œuvre de politiques publiques plus importantes. C’est le début de la phase la plus active en termes de développement de mesures, avec pas moins de onze décisions publiques et plans majeurs. Ces différentes décisions sont à la fois caractérisées par leur nature exceptionnelle et par l’ampleur des effets qu’elles vont produire. Il est important de noter que dans l’ensemble des éléments qui suivent, le diagnostic sur la situation restera assez stable, avec plus souvent des « recommandations » que des interdictions, plus compatibles avec une administration Trump refusant tout ce qui pourrait contribuer à « dramatiser la situation » ou à porter des atteintes significatives aux libertés individuelles ou à l’économie.
A / L’intensification des mesures
Le 11 mars, une interdiction d’entrée du territoire est imposée à l’Europe dans le même temps que l’OMS déclare l’état de pandémie. L’organisation mondiale de la santé qualifie le Coronavirus de Pandémie suite à l’explosion de cas dans le monde. Trump déclara par ailleurs la pandémie comme étant une urgence nationale le 13 mars. 50 milliards de dollars de fonds attribués aux catastrophes naturelles peuvent ainsi être utilisés. Le ministère de la santé (Department of Health and Human Services) peut par ailleurs lever des restrictions légales permettant de livrer plus rapidement les tests Covid.
Le 15 mars, le CDC recommande de ne pas faire de rassemblements de plus de cinquante personnes aux États-Unis pour au moins les huit prochaines semaines. Sont notamment mentionnés les concerts, mariages, festivals, conférences et évènements sportifs. Comme cela avait été envisagé, certains écoles publiques, à New York en particulier, annoncent une fermeture prochaine comme instrument de lutte.
C’est le 16 mars que fut publié le premier effort stratégique mettant en avant une cohérence d’ensemble. Dans un document appelé « 15 days to slow the spread »[9], les mesures sont durcies et proposent un effort plus prononcé pour répondre à la crise. Parmi les mesures sont notamment mises en avant le fait d’éviter les rassemblements de plus de dix personnes durant les quinze prochains jours ou la limitation des voyages qui ne sont pas impératifs. Ces mesures sont présentées comme pouvant se prolonger jusqu’à l’été, en fonction du déroulement de la crise. Mais face à l’économie qui pourrait rentrer en récession prochainement, le ton reste optimiste, en particulier de la part d’une présidence ayant promu sa capacité exceptionnelle à gérer l’économie. Pour accélérer cette phase de lutte, le 17 mars, Trump fait appel au « Defense Production Act ». C’est une mesure habituellement réservée aux temps de guerre, autorisant l’État à forcer aux industries la production d’équipements nécessaires pour répondre à la crise. Rapidement, l’administration s’en servira pour forcer General Motors à produire des respirateurs artificiels.
Face à ces mesures diversement efficaces et respectées, fin mars, les États-Unis deviennent le plus pays le plus touché en termes de cas. Plus de 80 000 contaminations et plus de 1000 décès sont liés au virus. Trump signe une aide de 2 000 milliards de dollars destinés à aider la population, qui sera répartie en deux catégories: approximativement 1200 dollars pour chaque étasunien; et davantage aux entreprises pour aider leurs activités et le paiement des salaires.
Le 31 Mars, l’administration Trump prolonge ce qui ne devait qu’être 15 jours pour lutter contre le virus, jusqu’à fin avril. C’est la création du plan « 30 jours pour ralentir la propagation du virus[10] ». Le pire de la vague est supposé se produire à la mi-avril.
C’est d’ailleurs dans la première moitié d’avril, face au renforcement des mesures prises que naîtront le début des conflits autour des masques, avec deux évènements significatifs. Début avril, le CDC recommande l’usage du masque pour tenter d’endiguer la propagation du virus. Les critiques sur le revirement par rapport aux conseils précédents sont vives. Mi-avril, les premières manifestations contre les mesures de confinement et les recommandations à rester chez soi émergent. Le Kentucky, l’Oklahoma, la Caroline du Nord et en particulier le Michigan virent des mouvements qui, s’ils restèrent assez confidentiels, firent parler par la vigueur de leurs membres.
B / L’espoir d’une crise en fin de course
Le 16 avril, un premier virage est pris dans la politique publique anti-Covid. De politique publique de lutte, elle évolue pour devenir un projet de réouverture du pays sous le nom « Opening Up America Again[11] ». Ce plan en trois phases est destiné à être mené à bien par les gouverneurs, avec des critères très spécifiques. La critique portera à la fois sur ces critères et sur le fait que certains États ré-ouvrent sans les avoir respectés. Ce plan est supposé succéder aux « 30 jours pour ralentir la propagation du virus » expirant fin avril.
Dès le 20 avril, certains États annoncent leur plan de réouverture, avec en particulier les gouverneurs de Caroline du Sud et de Georgie montrant le plus de détermination en faveur de cette « réouverture ». Dans le même temps, le 23 avril, un plan de 484 milliards de dollars est adopté par la chambre des représentants avec 320 milliards de dollars destiné aux petits commerces. Cette aide financière est massive, mais le bilan fait par l’administration Trump est que cette aide sera la dernière et permettra de refaire rapidement partir l’économie, en particulier avec une élection présidentielle approchant à grands pas. C’est le 1er mai que des États rouvrent de manière diverse. En fonction des États, plus de commerces rouvrent que dans d’autres, avec un focus politique et médiatique particulier placé sur la Georgie.
Le 6 mai est une date clé pour le ralentissement de l’évolution des politiques publiques. Initialement évoluant au gré des nouvelles informations et de l’efficacité des mesures, l’administration Trump décide de stopper ce mouvement par un geste symbolique fort : la mise au placard d’un plan du CDC pour gérer la crise. Selon des membres de la « Associated Press », il est certain que ce rapport ne verra pas le jour. Ce rapport de 17 pages était supposé expliquer comment, étape par étape, gérer la crise au niveau des États[12]. Un rapport de 60 pages, plus modeste dans son ambition, sera publié par le CDC quelques jours après[13], préconisant des mesures à adopter afin de permettre à chaque établissement de savoir comment concilier le besoin de réouverture avec le risque de contamination. Dans un effort de retour à la normale, entre le 12 et le 18 mai, c’est une majorité des États qui relâcheront les restrictions.
III – La cristallisation des tensions : les termes du débat.
À partir de fin mai jusqu’à l’été, les débats se cristallisent. Les découvertes sur le virus se poursuivent, mais les évolutions demeurent incrémentales et les positionnements politiques stables.
Cette période autour du 19 mai est essentielle, car c’est à ce moment là que les États vont tenter de relancer leur économie et que se met en place cette situation inédite de « réouverture ». Se posera donc la question : quid des masques, présentés comme un des principaux moyens de concilier risques et réouvertures ? Faut-il les rendre obligatoires ou d’autres mesures en apparence moins contraignantes sont-elles suffisantes ? Nous verrons dans un premier temps les évènements laissant penser à une stabilisation des positions, avant de se pencher sur les types d’arguments des anti-masques, qui sont estimés au nombre de quatre.
A/ Une stabilisation de la situation
Imposé par la force, quand non accepté par conviction, le port du masque a eu son lot de résistances, de la désobéissance ordinaire aux réactions violentes. Dès le mois de mai, plus de la moitié des États avaient déjà connu des manifestations en défaveur des mesures visant à lutter contre le Coronavirus, dont les masques. Un des premiers avait eu lieu le 15 avril 2020 dans le Michigan, par les groupes « Michigan Conservative Coalition » et « Michigan Freedom Fund »[14]. Ces manifestations ont globalement été de faible ampleur, réunissant des dizaines de manifestants jusqu’à plusieurs centaines.
Le 29 mai, un autre évènement témoigne du ralentissement dans l’évolution de la situation. L’administration Trump décide de mettre fin aux relations entre l’OMS et les États-Unis, avançant l’argument du contrôle chinois sur l’organisation malgré les aides financières apportées par les États-Unis. À la suite de la réouverture, l’attention se dirige vers ses conditions. Un des principaux instruments permettant cette réouverture serait le port de masque. Le diagnostic est donc qu’il n’est pas raisonnable économiquement de poursuivre des mesures drastiques. Mais les conclusions sont de deux sortes : gérer le risque avec les masques, ou assumer les risques sans les porter. Par ailleurs, Trump se positionnera comme défenseur du libre choix laissé à chacun de porter le masque, ou de ne pas le porter. Ce ne sera que le 11 juillet qu’il sera vu pour la première fois portant un masque en public, lors de la visite d’un hôpital militaire. Début août 2020, c’est 34 États qui imposaient le port du masque.
En août, par ailleurs, Trump parlera au site d’information « Axios » des dégâts liés à la pandémie en ces termes « c’est comme ça » – « it is what it is »[15] -, soulignant des conséquences qu’il faut apprendre à gérer car elles ne pourraient de toute façon pas être évitées. Certes, à la mi-août, le CDC élabora un plan destiné à la distribution à venir du vaccin à travers la consultation de différents États. Toutefois, son action resta principalement solitaire.
B/ Les « anti-masks protesters » : des argumentaires variés
Durant cette période, il est possible de constater une grande variété d’arguments utilisés. Le site Ballotpedia a fait un travail particulièrement riche dans ce domaine, en repérant six grandes catégories d’arguments[16]. Il nous semble plus juste ici de lister approximativement quatre grandes catégories d’arguments employés par les citoyens anti-masques. La raison de ce différentiel entre leur catégorisation et celle employée dans cet article est simple et tient en deux raisons. Tout d’abord, certaines catégories sont en réalité très similaires, pouvant être placées sous un même ensemble de type « santé » ou « libertés publiques ». Seconde raison, certaines catégories reposent sur des faits qui sont relativement rares ou peu mis en avant en réalité et par conséquent, le choix a été fait de les mettre de côté. Un exemple est celui de l’argument suivant : le risque de contamination par les yeux. Le processus est celui-ci : porter un masque peut diriger l’air expiré vers les yeux. Le sentiment inconfortable que cela génère amène les personnes à se toucher les yeux. Si les mains sont elles-mêmes contaminées, la personne peut ainsi se contaminer elle-même.
Certes, cet argument existe. Mais il est rare et rattachable à la catégorie « santé », d’où le besoin de délimiter autrement les catégories employées par le site d’informations.
Quatre catégories d’arguments existent donc. Ils ont tous été réunis sous une idée largement reprise par l’administration Trump qui est que certes, il faut lutter contre le virus mais que le « remède ne peut pas être pire que le mal. » Premier argument, les masques ne sont pas nécessaires pour enrayer la propagation du virus et seraient même dangereux pour la santé. Deuxième argument, les règles en termes de port du masque sont impossibles à faire respecter. La troisième catégorie d’argument avance que les masques contreviendraient aux libertés individuelles. Enfin, le quatrième et dernier ensemble d’arguments vise à dire que les masques ont des conséquences sociales et humaines désastreuses.
Argument n°1 : Les masques ne sont pas nécessaires pour enrayer la propagation du virus et seraient même dangereux pour la santé :
Le masque serait contre-productif, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les personnes le portant, pensant écarter le risque, se placeraient dans des situations augmentant ce risque, comme des réunions publiques, des fêtes, etc. Loin d’être protégés, ces individus se réuniraient alors davantage entre eux avant de propager le virus. Il produirait aussi son propre lot de conséquences négatives, notamment en augmentant les problèmes personnels, allant des maux de tête aux maladies respiratoires. Enfin, couplé aux mesures de confinement, il participerait au désespoir chez les personnes défavorisées et impactées économiquement, augmentant de fait le taux de suicide.
Le masque serait également inutile ou excessif. Les données seraient trop insuffisantes pour valider la gravité du Covid-19. Cet argument n’a d’ailleurs jamais réellement disparu, même s’il a évolué dans les différents exemples qu’il utilisait (d’abord comparaison avec la grippe hivernale, puis avec d’autres maladies plus ou moins graves). Un exemple régulièrement mis en avant est celui de la Suède, présentée comme luttant plus efficacement contre la Pandémie, sans rendre obligatoire le port du masque. Certains experts valident d’ailleurs l’idée que le masque est utile mais insuffisant sans la mise en place d’autres mesures comme le « social distancing ». C’est cet ensemble de mesures qui, mises ensemble, constitueraient le seul éventail de solutions efficaces.
Enfin, le masque volerait la vedette à d’autres problèmes plus graves. Ici sont mis en avant les autres causes de mortalité supposées plus graves à ce stade : la grippe hivernale, certaines maladies respiratoires, etc. D’autres problèmes furent également mis en avant mais de manière plus épisodique, avec notamment l’exemple des décès sur la route.
Argument n°2 : Les règles en termes de port du masque sont trop difficiles à faire respecter :
Qu’il s’agisse des entreprises, des commerces ou des universités, les mesures seraient trop compliquées à mettre en œuvre. Les problématiques sont de deux types. Les détails techniques d’abord, les problèmes éthiques ensuite. Les patrons doivent imposer le masque à leurs employés et les commerces à leurs clients, mais cela créerait trop de conflits. Dans les lieux comme les bureaux ou les universités, cela serait doublé par un problème éthique. La dénonciation d’un collègue ou d’un camarade, nécessairement polémique humainement parlant, serait un frein à l’applicabilité de la mesure.
Argument n°3 : Les masques contreviennent aux libertés individuelles :
Liberté d’entreprendre, libertés individuelles, toutes seraient concernées. Une différenciation est faite entre les entreprises qui ont le choix de leurs options, et l’État. C’est le plus souvent lorsque c’est l’État qui rend les masques obligatoires que la critique d’un abus de pouvoir inconstitutionnel surgit. Les entreprises imposant ce genre de mesures sont bien entendu critiquées, mais cette critique porte moins. Les établissements sont privés et puisque des alternatives existent dans la plupart des cas, la contrainte est limitée.
Dans les milieux les plus actifs, que l’on parle de rassemblements ordinaires ou de mouvements anti-vaccins, c’est aussi la peur de l’avenir qui est mise en avant avec la peur de « l’effet de cliquet ». Si les masques sont acceptés aujourd’hui, demain les vaccins seront de rigueur, puis d’autres libertés seront menacées. Les masques ne sont donc pas considérés ici comme le problème en soi. C’est la conséquence potentielle de cette « première étape » qui est vilipendée. De manière plus générale, ce serait également un moyen détourné de dicter les comportements des citoyens, en testant l’acceptation par les citoyens de ces mesures.
Argument n°4 : Les masques ont des conséquences sociales et humaines désastreuses :
Les arguments ici sont liés aux arguments précédents mais en diffèrent de plusieurs manières. Les populations les plus pauvres sont également celles qui ont le moins les moyens de se fournir en masques ou d’en fabriquer. Particulièrement pour les afro-américains, le problème mis en avant est qu’obliger le port du masque laisserait à visage découvert ceux qui ne peuvent pas s’en fournir. Sur cette base là, ces derniers risquent de multiplier les rencontres malheureuses avec la police.
Les écoles sont également très citées. Les enfants apprenant le langage auraient besoin de voir les lèvres de leurs enseignants pour apprendre à parler. C’est aussi toute une génération d’enfants qui verrait son cerveau se développer moins bien par manque d’oxygénation. Cet argument vient renforcer celui de conséquences désastreuses infligées aux enfants les plus démunis dont les parents pauvres vont s’appauvrir encore davantage.
Conclusion
Trois phases sont donc identifiables. Une première phase d’apprentissage et de prise de décision par adaptation incrémentale des comportements et des attentes. Puis une seconde phase initialement plus consensuelle de formulations de politiques publiques destinées à enrayer la progression du virus, notamment par le port du masque. Dans un troisième temps se développa une politisation de l’enjeu et une cristallisation des rapports de force, entre les agences de santé et l’administration Trump, mais également au niveau local avec des arguments très diversifiés.
Ce travail n’est bien sûr qu’une première estimation des grandes tendances ayant dessiné la stratégie des États-Unis en termes de lutte contre le virus. Plus particulièrement, la situation a nettement évolué, notamment avec les luttes ultérieures autour des vaccins, puis l’élection de Joe Biden et l’accélération dans la campagne de vaccination, marquant un réel tournant dans la stratégie de lutte des États-Unis contre le Coronavirus. Bien plus de travail, notamment de collecte de données et d’entretien avec les personnes concernées est essentiel pour comprendre plus finement la formulation des diagnostics, l’état des rapports de force entre les différentes agences de santé et la Maison Blanche, ainsi que le passage entre les différentes versions des politiques publiques anti-Covid. Cependant, en proposant des premières hypothèses, ce papier espère fournir des éléments de réflexion permettant de saisir davantage le processus suivi par les États-Unis depuis une situation initiale jusqu’au statut de pays le plus affecté par la Pandémie.
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15. Sam Baker, « Trump: Coronavirus is “under control” », (Consulté le 21 janvier 2021), https://www.axios.com/trump-coronavirus-under-control-5f114a16-9952-428c-bc07-3cfa360b0977.html
16. Ballotpedia, « Arguments against mask requirements during the coronavirus (COVID-19) pandemic, 2020 », (Consulté le 26 janvier 2021), https://ballotpedia.org/Arguments_against_mask_requirements_during_the_coronavirus_(COVID-19)_pandemic,_2020
[1] Susie Neilson et Aylin Woodward, « A comprehensive timeline of the coronavirus pandemic at 1 year, from China’s first case to the present », (Consulté le 22 janvier 2021), https://www.businessinsider.com/coronavirus-pandemic-timeline-history-major-events-2020-3
[2] Erin Schumaker, « Timeline: How coronavirus got started », (Consulté le 21 janvier 2021), https://abcnews.go.com/Health/timeline-coronavirus-started/story?id=69435165
[3] Robin Muccari, Denise Chow et Joe Murphy, « Coronavirus timeline: Tracking the critical moments of Covid-19 », (Consulté le 23 janvier 2021), https://www.nbcnews.com/health/health-news/coronavirus-timeline-tracking-critical-moments-covid-19-n1154341
[4] Anisa Arsenault, « A Timeline of Coronavirus (COVID-19) », (Consulté le 22 janvier 2021), https://www.verywellhealth.com/coronavirus-covid-19-timeline-4798671
[5] Grace Hauck, Karl Gelles, Veronica Bravo et Mitchell Thorson, « Five months in: A timeline of how COVID-19 has unfolded in the US », (Consulté le 15 janvier 2021), https://www.usatoday.com/in-depth/news/nation/2020/04/21/coronavirus-updates-how-covid-19-unfolded-u-s-timeline/2990956001/
[6] AJMC Staff, « A Timeline of COVID-19 Developments in 2020 », (Consulté le 15 janvier 2021), https://www.ajmc.com/view/a-timeline-of-covid19-developments-in-2020
[7] Derrick Bryson Taylor, « A Timeline of the Coronavirus Pandemic », (Consulté le 19 janvier 2021), https://www.nytimes.com/article/coronavirus-timeline.html
[8] Jamie Gangel, Jeremy Herb et Elizabeth Stuart, « ‘Play it down’: Trump admits to concealing the true threat of coronavirus in new Woodward book », (Consulté le 20 janvier 2021), https://edition.cnn.com/2020/09/09/politics/bob-woodward-rage-book-trump-coronavirus/index.html
[9] Yasmeen Alamiri, « READ: White House guidelines on novel coronavirus », (Consulté le 5 février 2021), https://www.pbs.org/newshour/nation/read-white-house-guidelines-on-novel-coronavirus
[10] The American Legislative Exchange Council, « Coronavirus Guidelines for America: 30 Days to Slow the Spread », (Consulté le 19 janvier 2021), https://www.alec.org/article/the-presidents-coronavirus-guidelines-for-america-15-days-to-slow-the-spread/
[11] Katherine Faulders et Justin Fishel, « Inside Trump’s plan to reopen the American economy », (Consulté le 5 février 2021), https://abcnews.go.com/Politics/inside-trumps-plan-reopen-american-economy/story?id=70190078
[12] Jason Dearen et Mike Stobbe, « Trump administration buries detailed CDC advice on reopening », (Consulté le 19 janvier 2021), https://apnews.com/article/7a00d5fba3249e573d2ead4bd323a4d4
[13] Orion Rummler, « CDC releases detailed 60-page road map on reopening », (Consulté le 24 février 2021), https://www.axios.com/coronavirus-cdc-reopening-guidelines-cc474208-c27f-4141-abf2-6e57df2b8a9b.html
[14] Nicholas Bogel-Burroughs et Jeremy W. Peters, « ‘You Have to Disobey’: Protesters Gather to Defy Stay-at-Home Orders », (Consulté le 25 janvier 2021), https://www.nytimes.com/2020/04/16/us/coronavirus-rules-protests.html
[15] Sam Baker, « Trump: Coronavirus is “under control” », (Consulté le 21 janvier 2021), https://www.axios.com/trump-coronavirus-under-control-5f114a16-9952-428c-bc07-3cfa360b0977.html
[16] Ballotpedia, « Arguments against mask requirements during the coronavirus (COVID-19) pandemic, 2020 », (Consulté le 26 janvier 2021), https://ballotpedia.org/Arguments_against_mask_requirements_during_the_coronavirus_(COVID-19)_pandemic,_2020#Footnotes
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Stella Volpe (December 12, 2024). Les États-Unis, pays le plus affecté par la Pandémie : éléments d’explications — The United States, hardest-hit country by the Pandemic: explanatory elements. Carnet de recherche PanLabInter. Retrieved July 18, 2025 from https://doi.org/10.58079/127sv